lundi 2 novembre 2020

Philippe Lasserre : "Le Christ est venu m’arracher à la pesanteur du mal"

 Philippe Lasserre est mort il y a un an, le dimanche 3 novembre 2019, alors qu’il était dans sa quatre-vingt-sixième année. Sa vie, tissant harmonieusement l’engagement social et humaniste avec l’attachement à la Bible et une foi protestante chevillée à toute sa personne, nous semble inspiratrice de courage et d’espérance, surtout en ces temps assombris par tant d’incertitudes.

Photo prise par Philippe Lasserre, le 15 novembre 1998, devant le temple Port-Royal (21, bd Arago, 75013 Paris)

Article publié par Réforme (2 novembre 2020)

En revenant sur l’essentiel de son parcours existentiel, professionnel et spirituel, comment ne pas être frappé par la profondeur de son engagement dans le monde et la vie collective ? Comment ne pas y voir une fidélité constante à l’esprit et à l’action de résistance qui anima ses parents, Georges et Berthie, pendant l’Occupation allemande, alors qu’il était encore un enfant, certes, mais déjà parfaitement conscient et même participant ? En effet, à l’âge de 9 ans seulement, il était tout de même chargé de guider discrètement vers le chalet familial les familles juives qui débarquaient du train à la gare du village, en vallée de Chamonix[1].

dimanche 13 septembre 2020

A dette irrémissible, miséricorde incommensurable !


Le Shabbat Shalom de Jésus…

Prédication d’Antoine Peillon, en hommage à David Graeber, mort le 2 septembre 2020, à Venise, à l’âge de 59 ans.

Temple Arago (EPU de Port-Royal / Quartier latin, Paris)

 

Matthieu 18 : 21-35 (NBS)

Le pardon entre frères

21Alors Pierre vint lui demander : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi ? Jusqu'à sept fois ?

22Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois (soit 490 fois ; autre traduction possible : soixante-dix-sept fois).

La parabole de l'esclave impitoyable

23C'est pourquoi il en va du règne des cieux comme d'un roi qui voulait faire rendre compte à ses esclaves.

24Quand il commença à le faire, on lui en amena un qui devait dix mille talents (9000 ans de travail, selon une note de la Colombe).

25Comme il n'avait pas de quoi payer, son maître ordonna qu'on le vende, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il avait, afin de payer sa dette.

26L'esclave tomba à ses pieds et se prosterna devant lui en disant : « Prends patience envers moi, et je te paierai tout ! »

27Emu (littéralement : remué dans ses entrailles : σπλαγχνίζομαι / splagchnizomai, plein de miséricorde), le maître de cet esclave le laissa aller et lui remit la dette [δάν(ε)ιον (daneion), vient de danos (un don)].

28En sortant, cet esclave trouva un de ses compagnons d'esclavage qui lui devait [ὀφείλω (opheilo) : dette] cent deniers (trois mois de travail). Il le saisit et se mit à le serrer à la gorge en disant : « Paie ce que tu dois ! »

29Son compagnon, tombé à ses pieds, le suppliait : « Prends patience envers moi, et je te paierai ! »

30Mais lui ne voulait pas ; il alla le faire jeter en prison, jusqu'à ce qu'il ait payé ce qu'il devait [ὀφείλω (opheilo) : dette].

31En voyant ce qui arrivait, ses compagnons furent profondément attristés ; ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé.

32Alors le maître le fit appeler et lui dit : « Mauvais esclave, je t'avais remis toute ta dette [ὀφειλή (opheile)], parce que tu m'en avais supplié ;

33ne devais-tu pas avoir compassion de (miséricorde pour) ton compagnon comme j'ai eu compassion de (miséricorde pour) toi ? »

34Et son maître, en colère, le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il ait payé tout ce qu'il devait [ὀφείλω (opheilo) : dette]. JUGEMENT

35C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera si chacun de vous ne par-donne pas à son frère de tout son cœur.

jeudi 26 décembre 2019

Le Nouveau Testament sans tabous



Exégèse

Une lecture exigeante des textes fondateurs du christianisme

S’inquiétant des mises en question du politiquement correct des Évangiles et des épîtres de Paul, le théologien protestant Simon Butticaz relit très précisément les textes du Nouveau Testament. Pour conclure qu’il y a, presque toujours, malentendu.

Le Nouveau Testament sans tabous,
de Simon Butticaz,
Labor et Fides, 192 p., 18 €

jeudi 17 octobre 2019

Patrick Cabanel, un historien dans "le jardin d'Israël"



Son enfance fut saturée par la mémoire parfois douloureuse des huguenots cévenols. De cette source spirituelle est née la partie de plus en plus importante de son œuvre d’historien : une recherche sans cesse approfondie sur le sauvetage des Juifs dans la France de l’Occupation.

lundi 14 octobre 2019

“Soli Deo Gloria”, par Abigaïl Bassac

https://www.evangile-et-liberte.net/numero/332/

"Soli Deo Gloria", affirme la théologie protestante. Cinq « seuls » sont habituellement associés au tournant de la Réforme : sola gratia, solus Christus, sola fide, sola scriptura et soli Deo gloria, respectivement « la grâce seule », « le Christ seul », « par la foi seule », « l’Écriture seule » et « à Dieu seul la gloire ». Ces affirmations brèves désavouent en quelques mots la théologie dominante avant la Réforme. « La grâce seule » récuse le mérite, « le Christ seul » conteste à toute autre instance la position de médiateur entre Dieu et l’homme, « par la foi seule » réfute que les œuvres puissent jouer un quelconque rôle dans le salut, « l’Écriture seule » revendique que la tradition de l’Église ne doit pas avoir le même poids que la Bible lorsqu’il est question de norme. Quid de soli Deo gloria ?

dimanche 2 juin 2019

« La postérité de David et l’étoile brillante du matin »


« La postérité de David et l’étoile brillante du matin »
Par Antoine Peillon
Dimanche 2 juin 2019
Temple Arago et Maison fraternelle (PRQL)



Le Jugement dernier, par Stefan Lochner, vers 1435

Apocalypse 22

12Voici : je viens bientôt, et j’apporte avec moi ma rétribution pour rendre à chacun selon son œuvre.
13Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.
(…)
16Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses dans les Églises. Je suis le rejeton et la postérité de David, l’étoile brillante du matin.
17L’Esprit et l’épouse disent : Viens ! Que celui qui entend, dise : Viens ! Que celui qui a soif, vienne ; que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie gratuitement !
(…)
20Celui qui atteste ces choses dit : Oui, je viens bientôt. Amen ! Viens, Seigneur Jésus !
21Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !

jeudi 13 décembre 2018

Antoine Nouis : "Faire vivre la Parole dans toute son actualité"

Antoine Nouis (DR)

Exégète, ancien pasteur et conseiller théologique à l’hebdomadaire protestant Réforme qu’il a dirigé pendant plus de six ans, Antoine Nouis raconte la genèse et l’écriture, pendant dix ans, de son grand œuvre, un commentaire intégral du Nouveau Testament.

vendredi 30 novembre 2018

En Haute-Loire, l’Armée du salut fait feu de tout bois


 Angélique, 26 ans, salariée en insertion, tient la caisse de « La brocante pour tous », une des activités de la Fondation de l’Armée du salut au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) / (c) Ishta

Au Chambon-sur-Lignon, village de Justes, l’Armée du salut réinsère, depuis dix ans, des dizaines de personnes très fragilisées. Un ambitieux projet de développement est lancé pour 2019, porté par une équipe soudée qui se dit « inspirée par l’amour fraternel ».

Le Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire)

Pierre Chetcuti est un colosse. À 58 ans, l’actuel directeur de l’atelier et chantier d’insertion (ACI) Pause-café du Chambon-sur-Lignon, créé il y a dix ans, confesse : « Je fais encore 1,98 m, mais je me suis tassé… ». À « La brocante pour tous », deux hangars de la Fondation de l’Armée du salut, situés sur la zone d’activité des Lebreyres, dans les hauts du bourg, où l’ACI vend « tout ce qui a été récupéré, trié, réparé et remis en valeur », cet ancien directeur d’établissements médico-sociaux pendant trente ans est maintenant « directeur de transition », depuis cinq ans. « Cela veut dire que j’interviens dans les institutions en crise, explique-t-il. Ici, au Chambon, je suis arrivé fin avril 2018. Je partirai le 6 janvier 2019. »

jeudi 29 novembre 2018

La montagne héroïque



HISTOIRE
Terre de refuge pour nombre de résistants et de Juifs français et étrangers entre 1940 et 1944, les Cévennes furent un lieu fort de lutte contre l’occupant nazi.
 
Nous devions le faire, nous l’avons fait, c’est tout : Cévennes, l’histoire d’une terre de refuge, 1940-1944, de Patrick Cabanel, Alcide, 688 p., 34,90 €

mercredi 14 novembre 2018

Apocalypse de notre temps. Béhémoth, eschatologie et destructivité humaine

Béhémoth et Léviathan, aquarelle préparatoire de William Blake pour les illustrations du Livre de Job (1826)


Apocalypse de Jean, 3, 13-15 (Segond 1910)

Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises !
Écris à l'ange de l'Église de Laodicée : Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu :
Je connais tes œuvres...

Dès 1942, n’ayant pas encore connaissance du génocide des Juifs, mais ayant tout compris du nazisme, bien qu’exilé aux États-Unis, Franz Neumann écrit un livre incroyable, ayant pour titre Béhémoth ; Structure et pratique du national-socialisme. Ce livre fut publié en 1942 aux États-Unis, et rapidement réédité. Il ne fut traduit et édité en France qu’en 1986, chez Payot. Neumann, qui appartient à l’École de Francfort, affirme que le national-socialisme est le règne de l’anarchie, des voyous et des intérêts particuliers. Ce n’est pas le Léviathan, contrairement à la compréhension commune, c’est-à-dire un État totalitaire monolithique et tout-puissant. C’est, au contraire, la disparition de la Loi, l’explosion des intérêts particuliers, et la violence déchaînée, à commencer par celle des plus forts et des plus malfaisants. C’est cela, le Béhémoth, la figure mythique du Béhémoth[1], pluriel superlatif du mot qui désigne, en hébreu biblique, le bétail, les animaux domestiques (Genèse, I, 24). Dans le livre de Job (XL, 15), Béhémoth prend l’allure d’un pluriel intensif et mythique : il désigne la Bête par excellence, la force animale que Dieu peut seul maîtriser, mais dont la domestication échappe à l’homme. On retrouve aussi le Béhémoth dans la littérature apocalyptique juive, au seuil de l’ère chrétienne. Dans le Baruch syriaque (XXIX, 4), il est dit que Béhémoth et Léviathan, apparus au cinquième jour de la Création, seront servis en nourriture aux Justes, lors du grand banquet messianique. La même idée se retrouve dans le Quatrième Livre d’Esdras (VI, 47).

vendredi 9 novembre 2018

Comment vivre par l'Esprit ?


Une conférence d'Antoine Nouis.
Cette vidéo présente la façon dont la Bible parle de l’Esprit saint. Elle l’aborde à partir des trois grands domaines de la vie chrétienne : la Bible, la prière et la vie en Église.
En conclusion, elle montre que l’Esprit apporte un souffle dans la relation entre le Père et le fils, ce qui lui permet d’aborder le mystère de la trinité.
Aller directement aux chapitres : 7:27 L’Esprit dans la Bible / 12:30 Que fait l’Esprit ? / 14:50 Esprit et parole de Dieu / 22:00 Esprit et prière / 26:25 Esprit et vie en Église / 31:16 Conclusion : la Trinité.

lundi 5 novembre 2018

Le Notre Père de Rimsky-Korsakov

Nikolay Rimsky-Korsakov (1844 - 1908) - Отче наш / Notre Père

St Petersburg Chamber Choir, Russia / Nikolay Korniev

 

Otche Nash / Notre Père, Op. 22: No. 7 · Nikolai Rimsky-Korsakov

Orthodox Ensemble · Vivian Klochkov Rimsky-Korsakov (Red Classics) ℗ 2015 Cobra Entertainment LLC 



jeudi 25 octobre 2018

Commentaire intégral du Nouveau Testament, par Antoine Nouis




Notices des deux éditeurs

L’événement est à marquer d’une pierre blanche : un éditeur protestant, Olivétan, et un éditeur catholique, Salvator, unissent leurs forces pour proposer au public cette édition du Nouveau Testament commentée par Antoine Nouis. À partir du texte intégral du Nouveau Testament dans la traduction de la Nouvelle Bible Segond, de la Société biblique française, le bibliste, pasteur et chroniqueur Antoine Nouis se livre à un commentaire verset par verset du texte biblique. Cela permet tout à la fois une démarche pédagogique très complète pour entrer dans le sens du texte, ainsi qu’une approche pastorale et spirituelle. Cet ensemble de deux volumes s’adresse notamment aux pasteurs, prêtres, diacres ou laïcs, pour nourrir leurs prédications, leurs homélies ou leurs prises de parole sur la Bible, mais aussi à tous ceux qui, seuls ou en groupe, veulent approfondir la lecture de la Parole. Les deux volumes sont réunis dans un seul étui cartonné.

Préface du père Gérard Billon, directeur du Service biblique catholique et enseignant à l’Institut Catholique de Paris.
Un ouvrage recommandé par Benoît de Sagazan, directeur du Monde de la Bible, Anne Soupa, bibliste et écrivain, frère Aloïs de Taizé, Marion Muller-Collard, théologienne et écrivain. 

Antoine Nouis est pasteur, bibliste, théologien, écrivain et journaliste (il a dirigé l’hebdomadaire Réforme). Son commentaire complet du Nouveau Testament représente plus de dix ans de travail.

lundi 22 octobre 2018

Soli Deo Gloria - La fin de la lutte des places


Prédication du 21 octobre 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Marc 10, 35-45



Christ en majesté, grand tympan du narthex de la basilique de Vézelay (Bourgogne, c. 1120-1140)

Marc 10, 35-45 (Segond 21)
35 Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Maître, nous voudrions que tu fasses pour nous ce que nous te demanderons. »
36 Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
37 « Accorde-nous, lui dirent-ils, d’être assis l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, quand tu seras dans ta gloire. »

vendredi 19 octobre 2018

"La lectio divina aujourd'hui", par Enzo Bianchi (Lausanne / Suisse, 5 mai 2013)


Enzo Bianchi, prieur de la Communauté œcuménique de Bose, dans le nord de l’Italie, est un grand promoteur de la lectio divina. Venu à l’invitation de la Communauté des Églises chrétiennes dans le Canton de Vaud, il a partagé, le dimanche 5 mai 2013, son expérience de la pratique actuelle de la lectio divina.




lundi 9 juillet 2018

Tous prophètes !


Prédication du 8 juillet 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Ezéchiel 2,2-5 et Marc 6,1-6


 
 Jésus dans la synagogue de Nazareth, XIVe siècle, fresque du monastère de Decani, Kosovo.

Ezéchiel 2,2-5 (Segond 1910)
2 Dès qu’il m’eut adressé ces mots, l’esprit entra en moi et me fit tenir sur mes pieds ; et j’entendis celui qui me parlait.
3 Il me dit : Fils de l’homme, je t’envoie vers les enfants d’Israël, vers ces peuples rebelles, qui se sont révoltés contre moi ; eux et leurs pères ont péché contre moi, jusqu’au jour même où nous sommes.
4 Ce sont des enfants à la face impudente et au cœur endurci ; je t’envoie vers eux, et tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel.
5 Qu’ils écoutent, ou qu’ils n’écoutent pas, car c’est une famille de rebelles ; ils sauront qu’un prophète est au milieu d’eux.
Marc 6,1-6 (NBS)
1 Parti de là, il vient dans son pays (πατρίς / patris : pays natal. A : la terre de ses pères, son propre pays, la demeure fixe, le logis. B : son propre lieu de naissance, la cité), et ses disciples le suivent.
2 Quand le sabbat (σάββατον / sabbaton) fut venu, il se mit à enseigner (διδάσκω / didasko : enseigner, donner des instructions, des préceptes, apprendre, prêcher, instruire) dans la synagogue. Une multitude d’auditeurs, ébahis (ἐκπλήσσω / ekplesso : être frappé, étonné), se demandaient : D’où cela (ταῦτα / tauta / tow’-tah : ces choses, ces paroles) lui vient-il ? Quelle est cette sagesse (σοφία / sophia) qui lui a été donnée ? Et comment de tels miracles (δύναμις / dunamis / doo’-nam-is : puissance, miracles, capacité, force, pouvoir) se font-ils par ses mains ?

lundi 11 juin 2018

Comment « faire la volonté de Dieu » ?


(« Pour l’amour de mon père
Ma mère, mes frères et mes sœurs
Oh oh, ce serait le bonheur »)[1]


Prédication du 10 juin 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Marc 3,20-35


Marc 3, 20-35 (NBS)
Puis il revient à la maison, et la foule se rassemble encore : ils ne pouvaient pas même manger.
A cette nouvelle, les gens de sa parenté sortirent pour se saisir de lui, car ils disaient : Il a perdu la raison.
Les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : Il a Béelzéboul ; c’est par le prince des démons qu’il chasse les démons !
Il les appela et se mit à leur dire, en paraboles : Comment Satan peut-il chasser Satan ?
Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut tenir ; et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut tenir.
Si donc le Satan se dresse contre lui-même, il est divisé et il ne peut tenir : c’en est fini de lui.
Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens sans avoir d’abord lié cet homme fort ; alors seulement il pillera sa maison.
Amen, je vous le dis, tout sera pardonné aux fils des hommes, péchés et blasphèmes autant qu’ils en auront proférés ; mais quiconque blasphème contre l’Esprit saint n’obtiendra jamais de pardon : il est coupable d’un péché éternel.
C’est qu’ils disaient : Il a un esprit impur.
Sa mère et ses frères arrivent ; se tenant dehors, ils le firent appeler.
La foule était assise autour de lui et on lui dit : Ta mère, tes frères et tes sœurs sont dehors, et ils te cherchent.
Il répond : Ma mère et mes frères, qui est-ce ?
Puis, promenant ses regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères !
En effet, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère.

Entretien avec François Jullien : « Penser comment promouvoir la vraie vie »

 François Jullien

Propos recueillis par Antoine Peillon, avec Isabelle de Gaulmyn (pour La Croix)
François Jullien, l’un des philosophes les plus traduits au monde, a tout de l’intellectuel français tel qu’on se l’imagine, y compris la crinière en bataille. Trois « événements » éditoriaux de ce printemps nous ont amenés à le rencontrer, afin de faire, avec lui, un retour sur son œuvre. En effet, un Cahier de L’Herne (le n° 121) lui est intégralement consacré, sous la direction de Daniel Bougnoux et François L’Yvonnet ; Si près, tout autre ; De l’écart et de la rencontre (Grasset) propose, à nouveau, de « penser l’autre », « ce qui peut relancer la philosophie et, d’abord, nous fait accéder à l’existence » ; enfin, dans Ressources du christianisme (L’Herne)[1], la relecture de l’évangile de Jean permet au philosophe de montrer, « sans y entrer par la foi », combien le christianisme est toujours une « ressource féconde » pour connaître « la vérité qui fait vivre ».[2]

jeudi 7 juin 2018

Théologie. Jésus-Christ, notre contemporain

Que peut-on écrire de nouveau – et de sérieux – sur Jésus-Christ, aujourd’hui ? Et du point de vue de la foi autant que de celui de l’histoire ? Bonne nouvelle : Emmanuel Durand réussit, dans un livre magistral, à renouveler profondément la christologie.

Jésus contemporain. Christologie brève et actuelle,
d’Emmanuel Durand,
Éd. du Cerf, 330 p., 18 €

Dominicain, professeur de théologie à Ottawa (Canada), Emmanuel Durand est déjà auteur d’une poignée de livres de théologie importants, tant par le nombre de pages que par la qualité, tous publiés aux Éditions du Cerf (1). À bientôt 46 ans seulement, la publication de son Jésus contemporain fait démonstration d’une maturité théologique et pédagogique peu commune. Ce nouveau livre, dense, solide et pour autant d’une écriture très limpide, offre, de plus, une méditation très personnelle, sensible, sur les « martyrs de notre temps », sur « la foule des opprimés », car « la figure ”historique” de Jésus se rencontre tout au long de l’histoire et dans le temps présent, à travers la foule des persécutés et des martyrs ».

lundi 4 juin 2018

A la table du Seigneur


Prédication du 3 juin 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Marc 14,12-17 et 22-26


Le Tintoret, "La Cène", entre 1533 et 1566, Paris, église Saint-François-Xavier

Marc 14,12-17 et 22-26 (NBS)
12 Le premier jour des Pains sans levain, le jour où l’on sacrifiait la Pâque, ses disciples lui disent : Où veux-tu que nous allions te préparer le repas de la Pâque ?
13 Il envoie deux de ses disciples et leur dit : Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre ; suivez-le,
14 et là où il entrera, dites au maître de maison : Le maître dit : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?
15 Il vous montrera une grande chambre à l’étage, aménagée et toute prête : c’est là que vous ferez pour nous les préparatifs.
16 Les disciples partirent, arrivèrent à la ville, trouvèrent les choses comme il leur avait dit et préparèrent la Pâque.
17 Le soir venu, il arrive avec les Douze. (…)
22 Pendant qu’ils mangeaient, il prit du pain ; après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit et le leur donna en disant : Prenez ; c’est mon corps.
23 Il prit ensuite une coupe ; après avoir rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.
24 Il leur dit alors : C’est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour une multitude.
25 Amen, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu.
26 Après avoir chanté, ils sortirent vers le mont des Oliviers.

lundi 7 mai 2018

Oracle du Seigneur : "Je suis l’amour, la joie et la vie…"


Prédication du 6 mai 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Jean 15,9-17


 
Jan Brueghel l'Ancien (1568–1625), "Le sermon sur la montagne"

Jean 15, 9-17 (NBS)
9 Comme le Père m’a aimé (ἠγάπησέν / égapésen), moi aussi, je vous ai aimés (ἠγάπησα / égapésa). Demeurez dans mon amour (ἀγάπῃ / agapé).
10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour (ἀγάπῃ / agapé), comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour (ἀγάπῃ / agapé).
11 Je vous ai parlé ainsi pour que ma joie (χαρὰ / chara) soit en vous (ἐν ὑμῖν / èn umin) et que votre joie (χαρὰ / chara) soit complète (πληρωθῇ / plérothé).
12 Voici mon commandement : que vous vous aimiez (ἀγαπᾶτε / agapaté) les uns les autres comme je vous ai aimés (ἠγάπησα / égapésa).
13 Personne n’a de plus grand amour (ἀγάπην / agapèn) que celui qui se défait de sa vie (ψυχὴν / psuchèn) pour ses amis (φίλων / philon).
14 Vous, vous êtes mes amis (φίλοι / philoï) si vous faites ce que, moi, je vous commande.
15 Je ne vous appelle plus esclaves, parce que l’esclave ne sait pas ce que fait son maître. Je vous ai appelés amis (φίλους / philous), parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père.
16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués pour que, vous, vous alliez, que vous portiez du fruit (καρπός / karpos) et que votre fruit (καρπός / karpos) demeure ; afin que le Père vous donne tout ce que vous lui demanderez en mon nom.
17 Ce que je vous commande, c’est que vous vous aimiez (ἀγαπᾶτε / agapaté) les uns les autres.

mercredi 11 avril 2018

Les « racines juives » de la foi chrétienne

Le pasteur et théologien Antoine Nouis raconte, sur le ton de la confidence, pourquoi et comment sa lecture profonde de la Bible hébraïque et des « commentaires des sages du judaïsme » enrichit sa foi chrétienne.

Nos racines juives,
d’Antoine Nouis,
Éditions Bayard, 150 p., 14,90 €

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,/ Et les mots pour le dire arrivent aisément » : ces vers classiques de l’Art poétique (1674) de Nicolas Boileau pourraient offrir un commentaire pertinent du dernier livre du pasteur Antoine Nouis, longtemps directeur de la rédaction de l’hebdomadaire protestant Réforme, aujourd’hui conseiller théologique du même journal. Car, en à peine cent cinquante pages aérées, l’auteur, dont un catéchisme et les prédications publiées sous forme de livres pédagogiques (1) ont connu un incontestable succès, met en œuvre une science exégétique très profonde de toute la Bible, « Premier » et « Nouveau » Testaments unis entre eux comme rarement, sans la moindre complexité d’expression.

jeudi 29 mars 2018

Philosophie. Éclairer l’Évangile, jusqu’au seuil de la foi

La relecture de l’Évangile de Jean permet au philosophe François Jullien de montrer, « sans y entrer par la foi », combien le christianisme est toujours une « ressource » féconde pour connaître « la vérité qui fait vivre ».

Ressources du christianisme,
de François Jullien,
Éditions de L’Herne, 2018, 128 p., 8 €

Le titre de ce petit livre n’est pas trompeur. Et si François Jullien ne précisait, dès son introduction, qu’il entend « dresser le bilan de ce que le christianisme a fait advenir dans la pensée » sans, pour autant, « y entrer par la foi », le chrétien pourrait y lire une quasi-apologie de sa religion. Car la relecture philosophique de l’Évangile de Jean permet à l’éminent helléniste et sinologue, auteur d’une quarantaine de livres traduits dans plus de vingt-cinq langues, de démontrer combien le christianisme originel nous offre d’abord, entre autres bienfaits, la possibilité de ne pas confondre « psuché », le simple fait d’être vivant, avec « zôé », la vie délivrée de son enlisement dans le monde.

lundi 5 mars 2018

Tu ne voleras point ! (לא תגנוב / lo tiguenov)

Prédication du 4 mars 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

 

Sur Exode 20 :1-17 et Jean 2:13-25


Rembrandt, "Moïse montrant les Tables de la Loi", 1659, Berlin Gemäldegalerie.

Exode 20 :1-17 (NBS)
Le contrat de l’alliance : les Dix paroles
1 Alors Dieu prononça toutes ces paroles :
2 Je suis le SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu ; c’est moi qui t’ai fait sortir de l’Egypte, de la maison des esclaves.
3 Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi.
4 Tu ne te feras pas de statue, ni aucune forme de ce qui est dans le ciel, en haut, de ce qui est sur la terre, en bas, ou de ce qui est au-dessous de la terre, dans les eaux.
5 Tu ne te prosterneras pas devant ces choses-là et tu ne les serviras pas ; car moi, le SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu, je suis un Dieu à la passion jalouse, qui fais rendre des comptes aux fils pour la faute des pères, jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me détestent,
6 mais qui agis avec fidélité jusqu’à la millième génération envers ceux qui m’aiment et qui observent mes commandements.
7 Tu n’invoqueras pas le nom du SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu, pour tromper : le SEIGNEUR ne tiendra pas pour innocent celui qui invoquera son nom pour tromper.
8 Souviens-toi du sabbat, pour en faire un jour sacré.

lundi 12 février 2018

Le toucher au lépreux


Prédication du 11 février 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Marc 1:40-45



Jésus guérit un lépreux (NBS 2002)
40 Un lépreux vient à lui et, se mettant à genoux, il le supplie : Si tu le veux, tu peux me rendre pur. 41 Emu, il tendit la main, le toucha et dit : Je le veux, sois pur. 42 Aussitôt la lèpre le quitta ; il était pur. 43 Jésus, s’emportant contre lui, le chassa aussitôt 44 en disant : Garde-toi de rien dire à personne, mais va te montrer au prêtre, et présente pour ta purification ce que Moïse a prescrit ; ce sera pour eux un témoignage. 45 Mais lui, une fois parti, se mit à proclamer (κηρύσσω / kerousso) la chose haut et fort et à répandre (διαφημίζω / diaphemizo) la Parole (λόγος / logos), de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville. Il se tenait dehors, dans les lieux déserts, et on venait à lui de toutes parts.

jeudi 25 janvier 2018

Aux sources religieuses de la liberté et de la non-violence

Essai. Le philosophe Rémi Brague, spécialiste des civilisations antique et médiévale ainsi que des religions monothéistes, défend les vertus existentielles et civiles du christianisme à travers son livre Sur la religion, paru le 17 janvier.


Sur la religion
de Rémi Brague
Flammarion, 250 p., 19 €

Le lecteur est souvent embarrassé, lorsqu’il ouvre un livre constitué d’articles divers et variés, publiés précédemment – et à des dates relativement distantes les unes des autres – dans des revues savantes ou des ouvrages collectifs universitaires. Car il arrive que le sens général, la clarté et la netteté du propos de l’auteur soient difficiles à reconstituer à partir de fragments trop disparates d’une pensée en évolution.

lundi 8 janvier 2018

La marche à l'étoile


Prédication du 7 janvier 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Epiphanie

Sur Matthieu 2.1-12


 
Henri Rivière, "La crèche", dans La Marche à l'étoile, Flammarion, 1890

Mat. 2.1-12 (Louis Segond 1910)
Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer. Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ. Ils lui dirent : A Bethléhem en Judée ; car voici ce qui a été écrit par le prophète : Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, car de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple.
Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. Puis il les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta.
Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.