lundi 4 juin 2018

A la table du Seigneur


Prédication du 3 juin 2018,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Marc 14,12-17 et 22-26


Le Tintoret, "La Cène", entre 1533 et 1566, Paris, église Saint-François-Xavier

Marc 14,12-17 et 22-26 (NBS)
12 Le premier jour des Pains sans levain, le jour où l’on sacrifiait la Pâque, ses disciples lui disent : Où veux-tu que nous allions te préparer le repas de la Pâque ?
13 Il envoie deux de ses disciples et leur dit : Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre ; suivez-le,
14 et là où il entrera, dites au maître de maison : Le maître dit : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?
15 Il vous montrera une grande chambre à l’étage, aménagée et toute prête : c’est là que vous ferez pour nous les préparatifs.
16 Les disciples partirent, arrivèrent à la ville, trouvèrent les choses comme il leur avait dit et préparèrent la Pâque.
17 Le soir venu, il arrive avec les Douze. (…)
22 Pendant qu’ils mangeaient, il prit du pain ; après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit et le leur donna en disant : Prenez ; c’est mon corps.
23 Il prit ensuite une coupe ; après avoir rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.
24 Il leur dit alors : C’est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour une multitude.
25 Amen, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu.
26 Après avoir chanté, ils sortirent vers le mont des Oliviers.

« Un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre ; suivez-le… » Quel verset, pour nous inviter à trouver le lieu idéal où doit se célébrer la plus extraordinaire des saintes Cènes ! A la fois, quel mystère, et quel écho de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, l’enseignement du Christ sur l’eau qui étanche momentanément notre soif terrestre et sur l’eau d’une autre qualité qui nous donne la Vie, dans le sens de « vie éternelle »…
Je n’ai pas résisté à citer ce verset du début de notre évangile du jour, tellement je le trouve beau, poétique, énigmatique… Mais, aujourd’hui, ce n’est pas de l’eau qu’il sera question. La prédication portera plutôt sur le pain et sur le vin, mais aussi sur Dieu et sur l’humanité. Quelle ambition ! Quelle outrecuidance même ! Mais nous ne sommes pas dans un dimanche ordinaire.
Les catholiques célèbrent aujourd’hui la fête du St-Sacrement, et nous, disons que nous méditons sur la sainte Cène.
Ce texte nous est familier : « Pendant qu’ils mangeaient, il prit du pain ; après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit et le leur donna en disant : Prenez ; c’est mon corps. » Et :
« Il prit ensuite une coupe ; après avoir rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Il leur dit alors : C’est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour une multitude. »
Pourtant : « Quoi de plus quotidien, ordinaire, banal, que de prtager un morceau de pain, que de boire à une même coupe de vin ? », se demandait le pasteur Antoine Nouis, dans une belle prédication sur notre évangile[1].
C’est pourquoi il nous faut peut-être lui redonner plus de vie, des couleurs, des parfums et des sons, en le situant dans le contexte de l’époque de Jésus. Et nous demander encore si nos façons de célébrer aujourd’hui la sainte Cène sont fidèles à ce que le Christ a dit et fait ce soir-là.
***
La place de notre texte dans le récit de Marc
Rappelons d’abord où se situe cet épisode dans le récit de Marc.
Nous sommes au chapitre 14 qui s’ouvre par ces lignes :
« La Pâque et les Pains sans levain devaient avoir lieu deux jours après. Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment le faire arrêter par ruse et le tuer. » (14,1).
Nous sommes donc plongés d’emblée en plein drame, en pleine tragédie.
Et la suite confirme cette tonalité morbide de tout le chapitre.
Jésus séjourne à Béthanie, tout près de Jérusalem.
C’est le village de Marthe, de Marie et de leur frère Lazare que Jésus a certes réveillé de la mort. Mais au cours d’un repas, une femme verse un parfum précieux sur la tête de Jésus. Un parfum extrêmement coûteux. Son prix serait l’équivalent du salaire de près d’un an de travail, calcule-t-on aujourd’hui. Un prix qui provoque l’indignation de certains : « Quelques-uns s’indignaient : A quoi bon gaspiller ce parfum ? On aurait pu vendre ce parfum plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. » (14,4-5).
Jésus accepte pourtant ce parfum, mais il commente aussitôt : « Elle a fait ce qu’elle a pu ; elle a d’avance embaumé mon corps pour l’ensevelissement. » (14,8).
On trouve peut-être, ici, un écho des discussions des scribes de l’époque, pour savoir ce qui était le plus méritoire : faire l’aumône aux pauvres ou ensevelir les morts. Mais l’important est que Jésus parle déjà avec certitude de sa mort prochaine.
C’est bien dans ce cadre dramatique que va donc se dérouler le dernier repas de Jésus avec les Douze.
Jésus annonce de plus aux disciples qu’il sait que l’un d’entre eux, Judas (qu’il ne désigne pas) va le trahir et qu’un autre, Pierre, le reniera ; mais nous ne lisons pas ces versets, ce dimanche.
Je vous les rappelle, tout de même.
Au sujet de Judas : « Pendant qu’ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : Amen, je vous le dis, l’un de vous, qui mange avec moi, me livrera. Attristés, ils se mirent à lui dire l’un après l’autre : Est-ce moi ? Il leur répondit : C’est l’un des Douze, celui qui met avec moi la main dans le plat. » (14,18-20) Et, à l’adresse de Pierre : « Amen, je te le dis, aujourd’hui, cette nuit même, avant qu’un coq ait chanté deux fois, toi, tu m’auras renié par trois fois. » (14,30).
Trahison, reniement, décision des grands prêtres et des scribes de tuer Jésus : ce sont ces circonstances tragiques qui vont donner tout leur sens aux gestes de Jésus lors du repas pascal.
***
Le repas de Pâque
« Le premier jour des Pains sans levain, le jour où l’on sacrifiait la Pâque, ses disciples lui disent : Où veux-tu que nous allions te préparer le repas de la Pâque ? » (14,12)
Les récits de Marc, de Luc et de Matthieu placent le dernier repas de Jésus avec ses disciples au soir du commencement de la fête de Pâque, c’est-à-dire de la semaine des pains sans levain que l’on nomme aussi « pains azymes ». Ce mot grec « azyme » signifie « sans levain » et traduit l’hébreu matza, la pâte sans levure.
Or les Hébreux préparaient ces pains azymes la veille de la Pâque, en mémoire de leur sortie d’Egypte, sous la conduite de Moïse.
Nous savons que la Pâque est la plus grande des fêtes juives, la célébration de la Libération. Pâque, c’est pessah en hébreu, c’est-à-dire « passage », en souvenir de la fuite d’Egypte, du passage miraculeux de la Mer Rouge, de la traversée du désert, de la naissance du peuple hébreu…
Par le repas de Pâque, le seder, il ne s’agit pas seulement d’évoquer le passé, mais d’en vivre le sens le plus profond : « De génération en génération, c’est une dette de se voir comme soi-même sorti d’Egypte. Ce ne sont pas seulement nos pères qu’Il sauva, le Saint, béni soit-il, mais nous-mêmes, en eux, Il nous sauva. » (Michna, traité Pessahim).
Ainsi, les convives du seder ne gardent pas seulement en mémoire les péripéties de la sortie d’Egypte, mais ils réaffirment que Dieu a été le Libérateur de leurs pères et qu’Il le sera, pour eux, tout au long de l’histoire du peuple juif. « Il faut que, dans chaque génération, chaque homme se considère comme ayant été lui-même délivré d’Egypte », insiste la Michna citée par Antoine Nouis.
Tout au long de ce repas, quatre coupes de vin sont présentées par l’officiant (souvent le père de famille) et c’est à chaque fois l’occasion de dire des bénédictions. Lors de la présentation de la troisième coupe, une bénédiction particulière est prononcée (Haggadah de Pessah) : « Que le Dieu de miséricorde nous trouve dignes de l’époque messianique et de la vie éternelle du monde qui vient. Béni sois-Tu, notre Dieu, roi de l’univers, qui a créé le fruit de la vigne. »
Comment ne pas rapprocher cette bénédiction hébraïque de ces paroles de Jésus : « Amen, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » (14,25)
Ainsi, le repas de Pâque de Jésus est eschatologique, comme la sainte Cène doit l’être aussi : tous deux tournent les convives, les Douze autrefois, nous-mêmes aujourd’hui, vers le monde de l’amour fraternel, celui qui doit venir dans l’histoire humaine terrestre comme il est déjà établi dans le monde éternel.
Le repas va s’achever par le chant des psaumes : les psaumes 113 à 118 qui constituent le Hallel (le psaume 113 commence par Alleluia, ce qui veut dire « Louez l’Eternel »[2]) et qui étaient chantés à la fin du repas pascal.
Et après le Hallel, Jésus et les siens partent pour le Mont des Oliviers.

***
La nouvelle Alliance
Par le partage du pain, le dernier repas de Jésus a donc eu comme signification première le renouvellement de l’acte libérateur, par excellence, de Dieu.
Mais, par le partage de la coupe de vin, Jésus en fait aussi le renouvellement rituel de l’Alliance entre Dieu et la « multitude » des humains, c’est-à-dire toute l’humanité.
Souvenez-vous de cet autre texte du jour, Exode 24,3-8 (NBS) : « Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles du SEIGNEUR et toutes les règles. Tout le peuple répondit d’une seule voix : Tout ce que le SEIGNEUR a dit, nous le ferons. (…) Moïse prit le sang et en aspergea le peuple, en disant : Voici le sang de l’alliance que le SEIGNEUR a conclue avec vous sur toutes ces paroles. »
Lors du repas de Pâque, la volonté formelle de Jésus est donc de donner à sa propre mort, par ses gestes et ses paroles sur le pain et sur la coupe de vin, un double sens de Libération et d’Alliance, tirant un grand trait d’union entre la sortie d’Egypte et le Don de la Tora, de la Bible.
Par-là, ce repas éminemment religieux a aussi un sens particulièrement fort de double communion : communion avec Dieu et communion entre les convives.
  • Communion avec Dieu.
    Voici ce que disait Rabbi Siméon, dans le Traité des Pères, si proche des Evangiles : « Si trois hommes mangeant à la même table s’entretiennent de la Tora, c’est comme s’ils mangeaient à la table du Seigneur-Dieu. » (Michna ; Pirkei Avot 3,4).
    Jésus lui-même prononce cette parole : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Mt 18,20).
N’est-ce pas dans le même sens d’incorporation du divin en l’homme que Jésus rompt et donne le pain ?
En disant : « Ceci est mon corps », Jésus signifie que se nourrir de sa parole, c’est se nourrir de tout son être.
L’évangile de Jean l’a aussi exprimé, par le récit du grand repas du pain multiplié, lorsque le Christ déclare : « Je suis le pain de vie. » (Jn 6,46-48).

Déjà, dans l’Ancien Testament, la Sagesse de Dieu appelait chaque croyant à se nourrir d’elle, comme on se nourrit de pain et de vin : « Venez à moi, vous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits. » (Siracide 24,19 ; TOB). « Venez, mangez de mon pain et buvez du vin que j’ai préparé. » (Pr 9,5).

Ainsi, par le pain et par le vin, la parole de Jésus, sa Sagesse, son Esprit réalisent leur union intime avec chaque convive, avec chacun de ceux qui se mettent à sa table.
  • Mais nous parlions aussi de communion entre les convives eux-mêmes.
    Cette communion s’exprime dans le pain partagé.
    Les convives sont des « com-pagnons », des « co-pains » : ceux avec qui on partage et mange le pain.
En Orient, il est sacrilège de rompre la communion de table, car celui avec qui on partage le pain devient un ami pour toujours. C’est pourquoi la trahison de Judas est tellement tragique : il rompt l’amour fraternel avec celui dont il a partagé le pain.
Face à cette trahison, Jésus ne dévie pas de son chemin. Il répond en faisant le geste sacré du partage.
Face à la trahison ou à l’abandon de ses disciples, face aux prêtres et aux scribes qui le haïssent, Jésus n’oppose aucune résistance violente.
Il partage son pain avec Judas pour lui signifier qu’il lui donne son pardon. Il lave les pieds de ceux qui vont l’abandonner, en signe de son amour éternel.
Voilà la réalité signifiée par le pain et la coupe : Jésus donne sa vie à ceux qu’il aime, même à ceux qui ne l’aiment pas.
***
Pourquoi revivre, aujourd’hui, le dernier repas du seigneur ?
Dans les fouilles de la maison Doura Europos, qui fut, en Syrie, une synagogue, puis une Eglise chrétienne, dès la fin du Ier siècle, un papyrus important a été retrouvé, qui porte une prière récitée lors du repas du Seigneur[3].
« Pour ce qui est de la sainte Cène, remerciez ainsi sur le pain rompu :
Nous Te remercions, ô notre Père,
pour la vie et la connaissance que Tu nous as accordées par Jésus.
Après avoir été rassasiés, remerciez ainsi :
Nous Te remercions, ô Père saint,
pour ton saint Nom que Tu as fait habiter en nos cœurs,
pour la connaissance, la foi et l’immortalité que Tu nous as accordées par Jésus.
Tu as donné aux humains la nourriture et la boisson,
mais Tu nous as gratifiés d’une nourriture et d’une boisson spirituelles
et de la vie éternelle par Jésus. »
(Didaché 9 et 10)[4].
Se nourrir du pain et du vin du Christ Jésus, c’est progresser dans sa connaissance, c’est se nourrir spirituellement et vivre ainsi d’éternité. C’est pourquoi il ne peut y avoir de vrai repas du Seigneur, sans que l’on se nourrisse très concrètement de sa Parole.
C’est le premier rôle de la sainte Cène, laquelle ne peut être séparée de la lecture des textes bibliques et de la prédication.
Mais reprenons encore la Didaché (9 et 10) :
« Comme ce pain rompu, autrefois dispersé sur les collines, a été recueilli de manière à ne plus faire qu’un, rassemble ainsi ton Eglise des extrémités de la terre dans ton royaume. (…) Rassemble des quatre vents l’Eglise que Tu as sanctifiée, dans le royaume que Tu lui as préparé. »
Ainsi, après la communion au Christ, le deuxième rôle de la sainte Cène est de faire l’unité des convives entre eux : « Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique. » (1 Co 10,17).
Cette unité n’est pas indépendante de la volonté des participants au repas du Seigneur.
L’unité se brise parfois, mais le partage du pain et de la coupe de vin doit sans cesse nous conduire au pardon qui unit l’humanité, à nouveau.
C’est encore ce que soulignent les fragments de Doura Europos. Lors du rassemblement pour le repas du Seigneur, « quiconque a un différend avec son compagnon ne se joindra pas à nous avant de s’être réconcilié. » (Didaché 14)
En fait, je dirais volontiers que cette dernière condition renverse la hiérarchie des deux communions : il n’y a pas de présence de Dieu, ou de Jésus Christ, envisageable sans paix et amour fraternel préalables entre les hommes.
Dans notre temps si haineux et violent, pensons-y. C’est important.
***
Epiousios (grec koinè : Επιούσιος) est un mot grec utilisé dans la quatrième demande du Notre Père, tel que formulée dans l’évangile selon Matthieu (6,11) et dans celui de Luc (11,3) : « Donne-nous, aujourd'hui, notre pain pour ce jour ».
Epiousios est traditionnellement traduit par « quotidien », et par « de ce jour » dans les versions actuelles. Mais cet adjectif, dont c’est la première attestation dans la littérature grecque, peut tout autant signifier « de demain ».
« Ce pain peut donc être soit le pain quotidien, soit le pain de demain, c’est-à-dire le pain eschatologique, cette manne dont on attendait le retour pour la fin des temps et qui nous est dispensé à travers celui qui est le pain de vie », explique ainsi Christian Grappe, professeur de Nouveau Testament à la Faculté théologique protestante de Strasbourg[5].
André Gounelle, pasteur et professeur à la Faculté de théologie protestante de Montpellier, nous éclaire encore plus précisément : « En effet, nous avons besoin du pain matériel, de ce qui alimente et entretient physiquement notre corps, mais aussi du pain de l’amitié, de l’affection, du pain de l’émotion et de l’art, du pain de la pensée et de la réflexion et du pain de la parole de Dieu que symbolise la Cène. Tous ces pains sont nécessaires à la vie. »[6]
Heureux donc ceux qui célèbrent la sainte Cène dans des gestes signifiant le repas du Seigneur, dans l’attente du Règne de Dieu et dans la fraternité en Jésus Christ.
Amen !


[1] L’Aujourd’hui de l’Evangile. Lecture actualisée de l’Evangile de Marc, Olivétan, 2013, pp. 420 à 425.
[2] De l'hébreu הללויה. « Louez Yah ! ». Yah est une forme abrégée du tétragramme YHWH.
[3] Des fragments d'un parchemin, avec des textes en hébreu, qui se trouvent à l'intérieur du bâtiment, ont été traduits par J. L. Teicher qui a noté qu'ils traitent des prières eucharistiques chrétiennes, liées à la Didaché. Lire J. L. Teicher, « Prières eucharistiques anciennes en hébreu (Dura-Europos Parchemin D. p. 25) », La revue trimestrielle juive, nouvelle série 54,2 (Octobre, 1963), pp. 99-109.
[4] Didaché (Διδαχή signifie « enseignement » ou « doctrine » en grec koinè), ou « Doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres ».
[5] « Du terrestre au spirituel », dans Les Cahiers Croire n° 300, juillet-août 2015, pp. 30 à 32.
[6] http://andregounelle.fr/bible/notre-pere-matthieu-6-luc-11.php

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