vendredi 9 décembre 2016

Sortir des ténèbres par temps de crise

Psychothérapeute et accompagnatrice spirituelle, Cécile Entremont propose des chemins pour guérir du sentiment d’impuissance qui envahit les personnes en ces temps de troubles.

S’engager et méditer en temps de crise. Dépasser l’impuissance et préparer l’avenir,
de Cécile Entremont,
Éditions Temps Présent, 232 p., 18 €

Le sous-titre de ce petit livre d’une belle densité est un encouragement sincère : « Dépasser l’impuissance, préparer l’avenir ». Il aurait pu être, de façon plus biblique : « Sur la terre comme au ciel »… Car, Cécile Entremont, psychothérapeute et docteure en théologie, qui pratique l’accompagnement spirituel à La Chapelle-Saint-Sauveur (Saône-et-Loire), y témoigne de quarante années de « consultations », où la sortie du fossé (« résilience », dit-on, aujourd’hui) est presque à chaque fois au rendez-vous.
Durant tout ce temps, cette femme de pensée et d’action a mesuré la gravité de l’impact des crises contemporaines (économiques, sociales, culturelles…) sur les comportements individuels, familiaux et collectifs. Elle a écouté les expressions « du désespoir, du fatalisme et du déni de réalité », lequel consiste aussi à « ne pas voir la gravité du contexte économique, social et écologique ».

Réveil des sensations

Pour autant, Cécile Entremont sait proposer les chemins de sortie des ténèbres : écouter et prendre soin de son corps, tout d’abord, mais aussi de son esprit. Par le réveil des sensations, le silence, la méditation et la création artistique, certes. Mais encore par une ouverture spirituelle qui est de l’ordre de la joie et de l’amour du prochain.
Car c’est par ce mouvement intérieur – presque une conversion – que peut se développer un engagement éthique au service du monde : éducation, protection des autres et de la nature, vie associative locale et même engagements civiques, à la condition qu’ils soient collaboratifs et conviviaux, fraternels pour tout dire.
L’encyclique Laudato si’ du pape François fait bien sûr partie des grandes références de Cécile Entremont. Mais il y en a beaucoup d’autres, toutes pertinentes, grâce auxquelles elle nous persuade que la cause du « bien commun » est la meilleure voie à suivre pour le salut personnel.
Antoine Peillon (publié dans La Croix)

lundi 21 novembre 2016

"Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis"


Prédication du 20 novembre 2016,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Luc 10, 35-43




"Passion du Christ", fresque de Jean Canavesio (1492), chapelle de La Brigue,(Alpes-Maritimes). Un ange recueille l’âme du bon larron. 

NBS 35 Le peuple se tenait là et regardait (en considérant / en observant) SEULEMENT DANS LUC. Quant aux chefs, ils le tournaient en dérision en disant : Il en a sauvé d’autres ; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ de Dieu, celui qui a été choisi !
MATTHIEU (27 : 42) ET MARC (15 : 32) AJOUTENT ICI : « qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui / pour que nous voyions et que nous croyions ! »
και ειστηκει ο λαος θεωρων (théoron) εξεμυκτηριζον δε οι αρχοντες λεγοντες αλλους εσωσεν σωσατω εαυτον ει ουτος εστιν ο χριστος του θεου ο εκλεκτος
NBS 36 Les soldats aussi se moquaient de lui ; ils venaient lui présenter du vin aigre
ενεπαιξαν δε αυτω και οι στρατιωται προσερχομενοι οξος προσφεροντες αυτω
NBS 37 en disant : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !
και λεγοντες ει συ ει ο βασιλευς των ιουδαιων (basileus ton ioudaion) σωσον σεαυτον
NBS 38 Il y avait aussi au-dessus de lui cette inscription : « Cet homme (lui-même) est le roi des Juifs. »
ην δε και επιγραφη επ αυτω ο βασιλευς των ιουδαιων (basileus ton ioudaion) ουτος (outos)
NBS 39 L’un des malfaiteurs (villains) suspendus en croix l’injuriait (blasphémait) en disant : N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous !
εις δε των κρεμασθεντων κακουργων (kakourgon) εβλασφημει (blasphimei) αυτον ουχι συ ει ο χριστος σωσον σεαυτον και ημας
NBS 40 Mais l’autre le rabroua en disant : N’as-tu donc aucune crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ?
αποκριθεις δε (apokritheis dè) ο ετερος επιτιμων αυτω εφη ουδε φοβη συ τον θεον (Théon) οτι εν τω αυτω κριματι ει
NBS 41 Pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos actes ; mais celui-ci n’a rien fait de mal (déplacé).
και ημεις μεν δικαιως αξια γαρ ων επραξαμεν απολαμβανομεν ουτος δε ουδεν ατοπον (atopon) επραξεν
NBS 42 Et il disait : Jésus, souviens-toi (anamnèse, souvenir continu du ressuscité) de moi quand tu entreras dans ton royaume (quand tu viendras vers ton royaume).
και ελεγεν ιησου μνησθητι (mnisthiti) μου οταν ελθης εις τη βασιλεια (basileïa) σου
NBS 43 Il lui répondit : Amen (en vérité), je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.
και ειπεν αυτω αμην (amen) σοι λεγω σημερον (semeron) μετ εμου εση εν τω παραδεισω (paradeiso)

samedi 5 novembre 2016

Politique et religion dans l’histoire

Convaincu que l’histoire éclaire l’avenir, Jean Picq relit ce que furent les temps forts des rapports entre le politique et le religieux, depuis la chrétienté.

Politique et religion. Relire l’histoire, éclairer le présent,

de Jean Picq,

Les Presses de Sciences-Po, 2016, 224 p., 14 €

C’est un cours magistral, c’est-à-dire dont la maîtrise de la forme n’a d’égal que la vigueur du fond. Sur des sujets si ravivés, aujourd’hui, que le rapport de la religion et du politique, la succession du théologico-politique et de la laïcité, l’autorité intellectuelle d’un professeur qui enseigne depuis une vingtaine d’années la philosophie politique et l’histoire de l’État à Sciences-Po, est la bienvenue.

Les vertus de la séparation du spirituel et du temporel

Des deux cités de saint Augustin jusqu’aux pages contemporaines consacrées à « la mondialisation et l’islam », l’histoire du « couple politique et religion » est rythmée par les grands moments de la sécularisation et de la laïcisation de l’Occident : Lumières, révolutions du XVIIIe siècle et séparations des Églises et de l’État au début du XXe siècle… L’auteur ne manque pas d’insister sur les vertus de la séparation du spirituel et du temporel, de la liberté de religion et, surtout, du principe de raison, lequel devrait, selon lui, continuer de régir les relations politiques « au service de la paix civile ». Face à la violence croissante des intégrismes, comment ne pas se laisser convaincre par cette leçon ?
Antoine Peillon (publié dans La Croix)

lundi 27 juin 2016

Choisis la vie !


Prédication du 26 juin 2016,

temple Port-Royal / Quartier latin (Paris 5 et 13)

Antoine Peillon SDG

Sur Luc 9, 51-62


 
Le vrai portrait du juif errant, le 22 avril 1784.

Luc 9:51-62
51 Comme arrivaient les jours où il allait être enlevé, il prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem 52 et il envoya devant lui des messagers. Ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains, afin de faire des préparatifs pour lui. 53 Mais on ne l’accueillit pas, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. 54 Quand ils virent cela, les disciples Jacques et Jean dirent : Seigneur, veux-tu que nous disions au feu de descendre du ciel pour les détruire ? 5 5Il se tourna vers eux et les rabroua. 56 Et ils allèrent dans un autre village. 57 Pendant qu’ils étaient en chemin, quelqu’un lui dit : Je te suivrai partout où tu iras. 58 Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où poser sa tête. 59 Il dit à un autre : Suis-moi. Celui-ci répondit : Seigneur, permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. 60 Il lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts ; toi, va-t’en annoncer le règne de Dieu. 61 Un autre dit : Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi d’aller d’abord prendre congé de ceux de ma maison. 62 Jésus lui dit : Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas bon pour le royaume de Dieu.