Pour le théologien réformé, spécialiste de Barth et Bultmann, la foi, l’espérance et l’amour « sont à vivre dans la matérialité de la chair et du monde ».
Une voie infiniment supérieure,
de Christophe Chalamet,
Labor et Fides, 2016, 256 p., 24 €
On pourrait dire : « Les Chrétiens en ont rêvé, Christophe Chalamet l’a fait. » Car sa reprise théologique, à nouveaux frais, des trois « vertus théologales » (foi, espérance et amour) – « inventées »
par Paul et mises en exergue par Thomas d’Aquin – est d’une limpidité
de style et d’une puissance de persuasion, voire de conversion, très
rares. Le professeur de théologie systématique à l’université de Genève,
spécialiste de Karl Barth et de Rudolf Bultmann (*), annonce très tôt,
dans ce livre, les lignes de fond spirituelles qu’il va suivre.
Car, faisant sien le constat du grand mathématicien, philosophe et théologien britannique Alfred N. Whithehead que « le monde a perdu Dieu et (qu’) il le cherche », Christophe Chalamet a décidé de sauter par-dessus « le fossé » qui sépare aujourd’hui « la doctrine chrétienne et la vie de tous les jours ». Dans son élan évangélisateur, il démontre, à force de nombreuses lectures des textes bibliques et de la tradition, que la foi, l’espérance et l’amour sont certes de l’ordre de la grâce de Dieu, mais qu’« elles sont à vivre dans la matérialité de la chair et du monde ». Citant beaucoup Augustin et Thomas d’Aquin, presque autant que Karl Barth, il préconise de « renouer avec la tradition augustinienne et monastique, pour qui la véritable connaissance est traversée et animée par l’amour ».
Une théologie qui incite à la vie
Premièrement, afin de réincarner une forme de pensée considérée parfois comme trop abstraite, trop céleste, Christophe Chalamet pratique une théologie qui est une « incitation à la vie », une façon d’exister « devant Dieu et dans le monde » tout à la fois, et donc « une pratique intellectuelle vécue ». Deuxièmement, en tant que réformé, il entend profiter pleinement des « bienfaits de l’ère œcuménique », puisant de façon résolument « décloisonnée » aux « sources des diverses confessions chrétiennes », c’est-à-dire catholiques et orthodoxes autant que protestantes. Troisièmement, afin de « contrer » la « crise » contemporaine de la foi et de sa transmission, qu’il constate en Suisse romande, entre autres, le théologien invite celle-ci à « saisir que le chemin de vie de tant d’êtres humains dure de plus en plus longtemps, avec de nombreux aléas, avec des temps non seulement de progrès mais aussi de lassitude et de régression ».Car, faisant sien le constat du grand mathématicien, philosophe et théologien britannique Alfred N. Whithehead que « le monde a perdu Dieu et (qu’) il le cherche », Christophe Chalamet a décidé de sauter par-dessus « le fossé » qui sépare aujourd’hui « la doctrine chrétienne et la vie de tous les jours ». Dans son élan évangélisateur, il démontre, à force de nombreuses lectures des textes bibliques et de la tradition, que la foi, l’espérance et l’amour sont certes de l’ordre de la grâce de Dieu, mais qu’« elles sont à vivre dans la matérialité de la chair et du monde ». Citant beaucoup Augustin et Thomas d’Aquin, presque autant que Karl Barth, il préconise de « renouer avec la tradition augustinienne et monastique, pour qui la véritable connaissance est traversée et animée par l’amour ».
Le couronnement de la foi et de l’espérance par l’amour
Le livre de Christophe Chalamet marche alors avec bonheur sur cette « voie infiniment supérieure », ouverte par la première épître aux Corinthiens (1 Co 12,31), qui est un « texte de Paul sur l’amour ». Revisitant, sur près de vingt siècles, les plus vives exégèses et spéculations chrétiennes, suivant, pas à pas, le « chemin » de « la foi en Jésus-Christ » dont témoignent, dès la fin du Ier siècle, les dix premiers chapitres des Actes des apôtres, l’auteur conduit ses lecteurs jusqu’au couronnement de la foi et de l’espérance par l’amour. « L’amour seul est digne de foi, mais aussi digne d’espérance », semble-t-il conclure, en fin d’ouvrage. Mais celui-ci est en réalité sans fin, se terminant sur une perspective de vie et de vérité où théologie et éthique se fécondent sans cesse : « La foi, l’espérance et l’amour nous font tendre vers autrui et vers Dieu, elles nous mettent aussi en relation avec nous-mêmes, de manière renouvelée… »
(*) Il est aussi l’auteur de Théologies dialectiques (Labor et Fides, 2015), sur ces théologiens qui ont révolutionné la pensée, au XXe siècle.
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