samedi 11 octobre 2014

Le monastère planétaire

Le monastère planétaire

d’Yves Bernabeu

Le Relié, 188 p., 17 €

 
 
Rabelais nous a donné, au milieu du XVIe siècle, l’abbaye de Thélème, dont la devise trompeuse en première lecture, « Fais ce que voudras », ne pouvait masquer l’idéal évangélique du Gargantua, sa glorification de la Jérusalem céleste et de la volonté divine comme source de nos volontés humaines. Dans cette première décennie du IIIe millénaire, le grand philosophe italien Giorgio Agamben nous a aussi gratifiés d’une méditation salutaire sur le monachisme occidental (1), de Pacôme le Grand (vers 292 – 346 après J.-C.) jusqu’à François d’Assise, où l’ascèse de la « très haute pauvreté » vise une extraordinaire libération.

Une autre mondialisation

Et voici qu’Yves Bernabeu, enseignant de yoga, consultant et grand marcheur leur emboîte le pas, déployant à partir de ses expériences réalisées au cœur des crises sociales et personnelles (elles sont liées, mutuellement, dit-il) l’utopie d’une « société spirituelle » qui se veut « réelle proposition » d’un « monastère planétaire ». Pourquoi « monastère » ? Parce que la source de la révolution spirituelle et sociale proposée par ces pages limpides est intérieure, en chaque personne, et qu’elle est libérée par la méditation, la contemplation, le recueillement, mais aussi par la « liturgie du jour » ou la religion qui sont sorties du « cloître ». Dans ces conditions, une autre mondialisation que celle de la marchandise est imaginable, en quête d’un « Esprit sans bornes ».

Antoine Peillon (publié dans La Croix)
(1) G. Agamben, De la très haute pauvreté. Règles et formes de vie, Payot, 2011.

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