Le monastère planétaire
Rabelais
nous a donné, au milieu du XVIe siècle, l’abbaye de Thélème, dont la
devise trompeuse en première lecture, « Fais ce que voudras », ne
pouvait masquer l’idéal évangélique du Gargantua, sa glorification de la
Jérusalem céleste et de la volonté divine comme source de nos volontés
humaines. Dans cette première décennie du IIIe millénaire, le
grand philosophe italien Giorgio Agamben nous a aussi gratifiés d’une
méditation salutaire sur le monachisme occidental (1), de Pacôme le
Grand (vers 292 – 346 après J.-C.) jusqu’à François d’Assise, où
l’ascèse de la « très haute pauvreté » vise une extraordinaire
libération.
Une autre mondialisation
Et
voici qu’Yves Bernabeu, enseignant de yoga, consultant et grand
marcheur leur emboîte le pas, déployant à partir de ses expériences
réalisées au cœur des crises sociales et personnelles (elles sont liées,
mutuellement, dit-il) l’utopie d’une « société spirituelle » qui se
veut « réelle proposition » d’un « monastère planétaire ». Pourquoi
« monastère » ? Parce que la source de la révolution spirituelle et
sociale proposée par ces pages limpides est intérieure, en chaque
personne, et qu’elle est libérée par la méditation, la contemplation, le
recueillement, mais aussi par la « liturgie du jour » ou la religion
qui sont sorties du « cloître ». Dans ces conditions, une autre
mondialisation que celle de la marchandise est imaginable, en quête d’un
« Esprit sans bornes ».
Antoine Peillon (publié dans La Croix)
(1) G. Agamben, De la très haute pauvreté. Règles et formes de vie, Payot, 2011.
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